Accrochez-vous ! Dans mon adolescence, il y avait les "mobs" et les "solex", comme il y avait les "mods" et les "rockers", mais en sens contraire, car les solex c'était, comme les mods, pour les fils de bourgeois, et mobs et rockers - on disait aussi "blousons noirs- pour les fils de prolos, d'ouvriers quoi !
Et ces fichues "mobs sont devenues des "Bleues" ( majuscules svp !) sur lesquelles quelques 50 années plus tard, Yves et ses deux acolytes, 150 ans à eux trois, entreprennent, pédalant plus souvent qu'à leur tour, leur périple en Corse. Yves raconte, et, dès les premières pages, tant pis pour le chromo, vous êtes morts de rire devant ce road movie (mob movie) hilarant, braillard, échevelé, dépenaillé, too much, à point, dit et nommé, et quel style ! Céline n'a qu'à bien se tenir, pas d'avarice dans la faconde, de chochotterie dans la métonymie... que nenni ! Ca dévale, éructe, cahote, bougonne, et se marre (nous avec).
De plus, grâce lui soit rendue, il nous épargne les couplets habituels sur les beautés de notre île, ses tragédies, son histoire mouvementée... évite de justesse ( je l'attendais au tournant) le : "je suis tombé fou amoureux de ce pays". Ouf !
De la belle ouvrage, quoi, qui apaise le coeur de l'indigène que je suis craignant par dessus tout les avis péremptoires, les sentences définitives, les remarques qu'on ne leur demande pas, des touristes, sur ce que nous sommes et sur ce que nous nous devrions d'être.
L'ennui c'est que d'après l'"Achevé d'imprimer", le bouquin n'est tiré qu'à 20 exemplaires. Je propose, à l'encan, une pétition qui obligera l'auteur à un tirage plus conséquent car, vu le nombre de demandes qui va affluer dans sa boîte aux lettres, il ne saura très vite plus où donner de la tête et n'aura d'autre solution que de fuir courageusement vers les horizons lointains et calmes, où l'on ne pourra venir le chercher, chevauchant sa Bleue comme un vrai héros de l'impossible, pédalant jusqu'à plus soif... (16/30).