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21 Octobre 2020
La vie me fait pleurer, aboyer à contretemps. Je suis ce champ en jachère sous la lune, qui attend l'impromptu, le décisif, la merveille que seule la vie justement peut t'offrir, sans que tu n'y sois pour rien. Je suis ce vagabond sans bagage, débarassé de tout, épousseté jusqu'à la trame. L'arca, mon destin, ma seule vraie mémoire. Te retrouver pour de bon. Ne plus jamais avoir à te quitter. La vie, tu me fais vraiment pleurer. Je ne me mouche plus, je laisse les larmes et la morve couler sur mon paletot. T'oublier, la vie, je n'essaie même pas, comme si on m'avait coupé les doigts, les pieds. Je suis cet Annapurna amputé de lui-même, recroquevillé devant sa gamelle de croquettes pour chien qui ne me disent plus rien. Appétit coupé pour de bon, pour longtemps. Je remonte le fleuve et le fleuve ne me dit rien, ne me parle plus, le fleuve m'ignore ! Me reste mon chagrin, je me le soigne, me le chéris pour de bon : la nuit est cette fille facile, qui elle non plus ne me dit rien. Ne me dit rien.
© dominique ottavi. Tous droits réservés.