Parole, chant, écriture, musique, poésie, scène, théâtre, ateliers de creation littéraire et musicale...
8 Mars 2020
On ne nous fera jamais
De cadeaux
Éternels dindons
De la farce
Ne nous reste plus
Qu’à nous gâter
Nous-mêmes.
Tu vois
Tu vois
Rien ne bouge
Que l’horreur
A qui on ne la fait pas
L’horreur partout
Et vous nous sommez
D’être heureux ?
Comme un trou
Comme un trou
Jusqu’au bout
Jusqu’au bout
Pas si fou
Pas si fou
Comme un trou
Es-tu de cette époque
Es-tu de mon monde
Es-tu de ma vie
Es-tu mal foutue
Es-tu bienvenue
Es-tu la tarentelle
Es-tu la misère
As-tu les gants blancs
As-tu l’arme blanche
Et le couteau tranquille
Pour les désespérés
As-tu encore envie
Et le désir
La décision
De tout foutre en l’air
J’en suis ma camarade
J’en suis mon camarade
Et nous rirons
De concert
Jusqu’au dernier
Le sanglotant.
Je n’ai pas jugé
J’essaie de ne jamais juger
Je n’ai pas donné
Ton nom à la milice
Je n’ai rien dit non plus
Quand ils ont voulu
Me faire parler
De toi
Mon petit pétunia
Je ne leur ai même pas dit
Combien je t’aimais
Alors ils m’ont tué
J’aurais mieux fait de leur dire
Combien je t’aimais.
J’aurais bien voulu
Dire
Ce que tu ne voulais
Surtout pas
Entendre
Un oiseau de mer
Est passé
À grands coups
De ses grandes ailes
Dégueulasses
La nuit est tombée.
Je tire un trait
Sur tes traîtrises
Une balle de mousse
Sur tes beaux yeux
Humides
Rien ne m’empêchera plus
Dorénavant
De faire de moi
Le juste appariteur
De ma vie.
Tous ces petits deuils
Empesés
Qui constituent
Ta continuité
Vite effacée
Par la belle mort
Insensible.
Je n’irai pas
Demeurerai là
A deux pas de la mer
Sans pull-over
Ni ciré
Jaune
Ni rien
Les esprits de la mer
M’ont
Enlevé.
Ils disaient
Pis que pendre
Et colegram
La mer
N’est pas un drame
Ni une couette
Facile
Comme les filles
De la Chandeleur.
Livrant leur désir
En pâture
Au silence
Au
Mutisme
Au quant à soi
Ce qu’on ne partage pas
Le non-désir quoi !
Plus de passé
Nul avenir
Ce présent juste
En dentelles
Chiffonnées
Haillons
De cour
Pourpoints
Pourpres
Guenilles
De marques
Et le Tour du monde
Pour cible
Immanquable
Le blanc du pain
Ce midi
Ma mie
S’enrougit
D’une fièvre bleue
Comme la colère
La belle conseillère
Il es temps de changer
Ce monde, ce monde.
J’ai oublié
D’avertir
Pas le temps
Puisque je ne décide pas
Actuellement
De l’emploi
De ce temps.
J’avais cependant
Connu un monstre
Un vrai
sûr de soi
De sa descendance
De ses convictions
A la petite semaine
Qui exauçaient
A ses yeux
Sa violence
Implacable
Dénuée
De toute empathie
Qu’il appelait
Détermination
Saluons
Voulez-vous ?
J’eus certes pu
Le puits était sec
Comme le pu
Il ne restait plus
Qu’à reprendre la route.
La chance des durs à cuire
Est que
Lorsqu’ils sont cuits
Ils le sont vraiment.
Il y a cette vieille vieille dame
A l’intelligence, à la lucidité intactes
Qui vient de s’en aller
Elle lisait encore Le Clezio
Kessel, Isabel Allende...
Bye bye Maggie
Maggie May
Printemps éternel.
Il pleuvait
Des ronds de jambe
Des courtoisies
J’étais depuis toujours
Parti.
Plus partir
Rester là
Ne viendrai plus
Ne viendrai pas.
J’ai vu les belles femmes
J’ai vu les beaux messieurs
Les décors d’opéra
Et les galetas
Insidieux
hideux
N’y étais pas insensible
Ni aux uns
Ni aux autres
Juste ailleurs
Ailleurs
À jamais.
Je ne me sens pas doué
Pour le bon sens
Le contresens non plus
Qu’on me pardonne
Je retourne converser
Avec mes arbres
Mes oiseaux.
Taisons-nous
Faisons les muets
Les décharnés
Les calumets
Pas vus pas pris
Dans la forêt
Où les arbres
Eux...
Stupide et provisoire
La parole définitive
Serrée dans le placard
Dont on a perdu la clé
Bien sûr
Qu’on ne s’inquiète pas
On a les bonnes personnes
Au bon endroit.
Je vais sur le chemin
Le même
L’identique
Depuis toujours
Depuis longtemps
J’y croise des oiseaux
De passage
Des girafes anémiées
Des voleurs de haut vol
Des pirates aux petits pieds
De francs salauds
Des putes borgnes
Adorables
Adorées
Et des anges
Bouffis d’étés
Même pas tristes
Même pas torves
Jamais seuls
A croire
Qu’ils n’ont jamais été blessés
Je remercie
Mon chemin
Et vous tous
Et chacun.
D’un déni l’autre
Les bons apôtres
Font passer
Sous le manteau
Leur numéro
De compte
Aux gogos
Payez payez donc
Nous sommes juste l’objet
D’une cabale
Internationale
Ne vous laissez pas prendre
Puisque vous le savez
Vous êtes de votre plein gré
Déjà pris
Par notre organisation
Au dessus de tout soupçon
Bien compris ?
Ne repousse pas mes chevaux
Ni mon plaisir
Quitte ton repos
Et sors dans la lumière.
© dominique ottavi