La nuit n'est pas rentrée
Son bonnet est accroché à la patère de l'entrée
elle a du sortir nu-tête
la nuit fait des bêtises
la nuit exagère
parfois elle m'exaspère
j'en ai soupé de tenter de lui faire entendre raison
elle n'écoute pas
elle n'entend jamais
elle n'en fait qu'à sa tête
et m'ignore de toute sa superbe
je me demande parfois si elle n'est pas un peu folle
un peu dérangée
j'ai vraiment des doutes sur sa santé mentale, quoi !
La nuit m'empêche souvent de dormir
elle tire tous les draps à elle
et puis elle ronfle
elle ne veut pas l'admettre, mais elle ronfle
j'en sais quelque chose
la nuit m'épuise
la nuit me fait de l'ombre
elle a été repérée au passage à niveau à plusieurs reprises
elle essayait d'arrêter le train
la nuit est folle
et ce n'est pas à cause de ses doigts crochus
que je dis ça :
la nuit m'en conté de belles
et des pas mûres
la nuit est une vieille indienne
parquée dans sa réserve
elle boit
quand tu es enfermé ça va de soi
la nuit est au bout du rouleau
elle frappe les tambours à contre temps
elle rit de ses conneries
ne se le tient jamais pour dit
alors elle dit, elle dit elle dit...
la nuit ronge son frein
à belles dents
la nuit est une catin
je suis son trublion
elle ne m'en est jamais reconnaissante
la nuit est cette engeance infecte
qui te déboutonne
avant de te mettre à mort
la nuit est cette sauvage
sans paysage
même pas de naufrage
juste cette mer étale
où se manigancent les pires avanies
pires filouteries
la nuit n'est pas propre sur elle
la nuit est une vaste anicroche
gare à tes ailes
elle te les coupera, la nuit
et tu resteras gros jean comme devant
avec tes hirondelles
et tes pâtés d'alouette
tu auras l'air malin
n'est-ce pas ?
n'est pas la Nuit qui veut
il faut le vouloir, le mériter
la nuit a bu
la nuit me fait des rides
C'est une nuit éclatante de rigueur
éclatante comme un coup d'épée
je voulais dire une nuit mathématique
maigre nerveuse et fière
et rayonnante sans esbrouffe
simplement.
La nuit soupe tard
Le jardin est plein de pleurs
Et moi dans la lune
Je voudrais juste revenir de loin et dire à tous que vraiment, c'était bien...
Ce que tu cherches désespérément
Partout
Ailleurs
Est simplement sous ta main
Là.
Et puis il aurait pleuré
Et puis les anges se seraient fait du souci
Et puis, tant pis.
La nuit est une sotte
Le jour sort de l'eau
Dégoulinant.
Quand donc ?
Ces belles femmes
Qui passent.
Apaisé
Qui m'apaisera ?
Et c'est sans importance
Nous sommes des milliards.,.
Je vais simplement ouvrir la bouche un peu
Moi qui ne respire que par les narines et le ventre.
Tout oublier comme on rentre vite fait petit a la maison
La maison a sombré il y a longtemps.
La vie est passée et les gens sont injustes
Terriblement
Fourbes menteurs intrigants
Pas désirables du tout.
C'est une donnée dont il faudrait tenir compte.
Je ne sais pas si je pourrais.
Il est revenu de tout
Il pense comme il rit
À contretemps
Il a perdu la mémoire d'hier
Celle de demain aussi
Il est comme une prière
Pas encore prononcée
Il t'attend pour ce faire.
Ne t'en fais pas
Ce ne sera plus long.
Et maintenant je vais dormir
Tirant la langue aux étoiles
Complotant comme toujours avec la lune
Et la lune ne le saura pas.
Je voudrais la maison noire et silencieuse
Je suis comme les chats
Je sais où sont mes pas.
Et maintenant je vais dormir
Tirant la langue aux étoiles
Complotant comme toujours avec la lune
Et la lune ne le saura pas.
Je voudrais la maison noire et silencieuse
Je suis comme les chats
Je sais où sont mes pas.
Je te donne ma terre
Je te donne mon sang
Je te donne la lumière
Des yeux di a me Minnana
Qui disait : respecte ton nom
Ta parole et tes engagements
Elle disait que le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui
elle disait que l'étranger Dieu te l'envoie pour t'apprende ce que tu ne sais pas encorer
Elle disait qu'elle m'avait attendu
Pour mourir
Jamais ne l'oublierai
Elle m'a donné la vie
Et son sens.
Venez tous
De tous les pays
Cette terre est la nôtre
A tous
Personne ne peut prétendre la posséder.
A me Minnanna disait :
Ce que tu fais pour l'autre
Tu le fais pour toi.
Je n'oublie pas.
Respect, Madame,
mère de mon père.
Je te donne ma terre
Je te donne mon sang...
Vivre fatigue disait Izzo
Je confirme
Persiste et signe
L'être humain est la pire des bêtes
Voulez-vous des preuves ?
Je me sens fatigué.
J'ai dans le coeur un silence
J'ai dans le coeur une solitude
Une impatience
Que je ne parviens pas à calmer
On commence quand à vivre?
Nous avions toutes les bonnes réponses
Toutes les bonnes solutions
Et nous voilà nus sur le pavé
Mourus sur les galets...
Quelle inconscience
Quelle fatuité
Quel courage hideux faut-il
Pour s'honorer encore du titre d' "être humain" ?
Je ne suis pas un jongleur
Je suis une canicule.
Tu vois, tu étais le mécontentement
je crois avoir été ta chance
mais j'étais toujours
à tes yeux...trop content
je disparais avec la nuit
des semaines entières
je marche entre les mots
parfois je m'y cogne
parfois je m'y caresse
parfois je les insulte
parfois je m'y insulte
et quand je reviens à moi
je ne sais pas d'où
c'est que me voilà simplement revenu
et c'est sans importance.
"Aussi brutale que le saccage de fleurs par un vent violent, ou que des rouleaux de soie brûlant dans un brasier (...) comment ne pas haïr un monde comme le nôtre ? " Nichiren
La nuit était venue sans broncher
sans hésiter
comme un retour de flamme
une déconfiture imprévisible.
j'aimais compter à rebours
les kilomètres et les santons.
Au bord de la route demeurent
de petits cailloux blancs comme neige
rouges comme la honte,
bue au crépuscule des chiens
dans la folie des fiches caduques.
On relève, on détruit
on éjecte, on assassine même la poussière
les secousses de l'angoisse
qui sourd des poignées de porte.
Nous serons les plus rapides
puis, juste après, les plus lents, à nous dilater de concert
j'ai senti, j'ai pensé, j'ai menti
je me suis tu et j'ai ricané
Mon coeur, comme elle est épaisse et poisseuse, cette brume de cauchemar
où l'on n'a plus rien à boire ni à raconter
le plus sûr serait de s'abstenir une bonne fois
et de se retenir de tout commentaire
je ne sais pas comment peuvent se mettre en musique
les espérances déçues
A bord du planeur de la dernière chance
nous claquons des dents en éclatant de rire au bon moment
Comme j'aimais la main qui court sur le papier
la mienne ou celle de l'enfant batailleur qui baillait sur la baie
la nuit manigance ses pertes sèches
la nuit marche sur la tête
qu'elle a toute ronde et d'une taille démesurée.
La nuit griffue
la nuit velue
la nuit fourchue
la nuit toute nue
la nuit sur Sienne
et la nuit sur la mer
la nuit depuis toujours scie
la branche sur laquelle elle est assise
elle a beau recompter
ses comptes restent faux, surtout à l'approche du jour
et puis la nuit caracole
et puis la nuit te fait l'obole d'un rêve soumis
l'aumône d'un vertige, d'un serment
et leur antienne commune et convenue
La nuit laisse faire
puisqu'elle est bonne fille
et sans colère
La nuit est cette statue de sainte en bois ciré
avec du sang sur les mains
la nuit est ce silence peuplé de signes
qu'on n'aura plus le temps
ni le loisir
ni l'intelligence de chercher à déchiffrer encore
La nuit soliloque
et la nuit est en loques
depuis si longtemps qu'elle te fait les poches
et le coup des bons sentiments.
la nuit ment
Tout le temps elle ment
et tire à bout portant sur tout ce qui bouge
et sur tout ce qui s'absente
La nuit canarde, quoi!
La camarade en socquettes blanches
le cigare aux lèvres
et le doigt sur la gâchette.
La nuit ne te laisse aucune chance
elle est là
face à tes remontrances qu'elle vient opportunément de piétiner
puisqu'elle t'accorde sa dernière danse et son petit panier
La nuit est ce champ de lavande
où se lève, juste avant l'aube, le vent
La nuit sourit à temps
car elle ne l'a plus, le temps
La nuit fait semblant
et la nuit le fait bien
La nuit n'ira pas à confesse
et ne communiera donc pas
car la nuit est cette princesse anecdotique
et provisoire
à qui on ne la fait pas
la nuit est cette engeance à trois francs six sous
qui te va comme un gant
et qui se fout de tout
car la nuit se venge
elle se venge
tout le temps.
S'il te plaît la nuit
ne te mets pas au milieu de mes mots
ne t'arrange pas avec mes morts
comme s'il s'agissait des tiens.
La mandragore est un âne mort
et le matin, un moins que rien.
Tu ne me vaux pas, la nuit
dans le silence
et pas non plus dans le chagrin.
La nuit fait semblant d'être sourde
elle n'est qu'aveugle et encore !
Tu m'as dit la nuit maintenant, elle ne rigole plus, elle tue
mais non, tu as bu
la nuit s'est définitivement tue
elle ne tue plus
j'ai compris ce qui est tu
je te laisse à ta cour d'oiseaux morts
et la nuit je passe à table
dès lors ma table est une "table de nuit"
et que fais-je donc à ma table, la nuit ?
Tandis que la nuit se goinfre avec les loups
qui n'en demandaient pas tant
leurs proies communes sont parfaitement identifiées
mais personne ne fait rien pour les tirer de leurs pattes poisseuses
parce qu'on croit encore que la nuit est une vierge de satin
alors que l'on sait bien que la nuit s'emporte souvent
fait des vagues, des phrases, d'obséquieux compliments au tout venant
qui sont autant de reproches sournois
Car la nuit est une sotte
pas très maline de surcroît
La nuit ronge son frein
quand les tiens lâchent à l'instant
la nuit hache menu
se débarasse des restes dans la lune
où elle se tire à l'anglaise
après avoir sonné copieusement ses cloches
afin que le devenir s'alarme
La nuit chipote
me fait les poches
s'encastre en mon mobilier détruit, réquisitionné, étiqueté
Tout le monde me laisse
je vais donc plier mes gaules
et la nuit me rendra le beau rôle, mon meilleur rôle
puisqu'elle n'est au bout du compte qu'une mendigote morne
quand les couteaux s'aiguisent dans l'ombre des amours mortes
et des supplices
La nuit a une vie de chien
ne sait pas bien démêler le faux du tien
elle s'en mord les doigts
le jour lui dit : ça ira !
Mais ça ne va pas, répond-elle
tu n'as jamais rien compris à mes problèmes
nous sommes si différents !
Le jour, tête baissée, bras croisés
ne répond rien
il sourit doucement
dans sa barbe.
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